JULIE MEYER

 

NHF, tirages pigmentaires, 2009.

« Laisser une empreinte est une façon de s'en aller. » Claudio Parmiggiani.

Deux enfants se sont adossés contre un mur d'immeuble. De ce contact a survécu une trace, celle du contour des silhouettes exécuté au feutre indélébile. Ces deux empreintes existent parmi d'autres dans ce territoire dévasté. Partout dans l'espace public, on découvre des éléments qui indiquent les vies et les histoires passées. Des traces survivent à l'absence. Ces signes se manifestent de différentes manières. Ils prennent la forme d'inscriptions sur les murs. Ils existent par des objets abandonnés dans les rues. À chaque pas, des détails rappellent que des individus ont arpenté ces chemins, ce sont assis sur ces bancs, ont vécu derrière ces fenêtres. Seuls leurs fantômes résistent au vide urbain.

Le titre NHF est le diminutif du nom du quartier du Neuhof situé en banlieue de Strasbourg. À la suite d'une politique urbaine, de nombreuses barres d'habitations ont été démolies pour être remplacées par des constructions de tailles plus modestes. J'ai cherché à enregistrer cet entre-deux qui succède le départ des familles et précède la démolition des immeubles. La question de la ruine se dégage particulièrement sur ces épreuves photographiques. En photographiant ces signes du passé, je constitue la collection d'un temps précaire voué à disparaître. C'est sur ces gravas que les fondations d'une nouvelle ville seront édifiées.